Interview de Véronique Balcerzak

INTERVIEW

Véronique Balcerzak, peintre de notre corpus, me reçoit dans son atelier qui est aussi son espace de vie, situé à Thoiry à côté de Genève.

Evoquant ce cadre de travail, elle m’explique cette nécessité d’être dans son énergie, chez elle, pour peindre selon l’inspiration peu importe l’heure, pour 3 minutes ou des heures entières.

Ayant eu des ateliers à l’extérieur, elle finissait toujours par ramener son matériel à la maison.

C’est donc assises elle et moi dans son salon, accompagnées d’une tasse de thé et entourées de ses toiles en cours, que nous débutons cette interview.

Véronique Balcerzak, merci beaucoup de nous recevoir !

Je suis très heureuse de vous recevoir également.

L‘eau, les arbres et le mouvement occupent une place de choix dans votre univers artistique.

En effet, j’adore les arbres et les promenades en forêt. J’en ai besoin pour me ressourcer.

L’utilisation d’une couleur en particulier correspond-elle à un certain état d’esprit chez vous alors que vous peignez ?

Je pense que oui. Ce que je vis sur le moment peut avoir un impact sur la couleur et les formes. Cela peut être plus coloré si je suis plus joyeuse ou ouverte, ou plus neutre et plus calme si ce sont des périodes plus sereines.

Le rouge était une couleur dominante dans mes toiles pendant une longue période après un voyage en Russie et malgré le caractère fort de cette couleur, on me faisait souvent le retour que mes peintures exprimaient beaucoup de douceur. Puis j’ai eu envie de diversifier un peu plus mes couleurs.

« En effet, j’adore les arbres et les promenades en forêt. J’en ai besoin pour me ressourcer. »

« La peinture fait partie de mon équilibre, c’est vital. Et dans les faits, j’ai peint, fait des collages depuis toujours… »

Quelle place occupe la peinture dans votre vie ?

Cela fait partie de mon équilibre, c’est vital. Et dans les faits, j’ai peint, fait des collages depuis toujours…

On décèle dans vos toiles des influences japonisantes. Vous inspirez-vous de certains lieux pour peindre ?

Pas particulièrement. Mais il est vrai qu’on m’a souvent parlé d’inspirations africaines, puis japonisantes et même aborigènes avec les petits traits et les petits points que j’utilise.

Pour ces traits et points, je me suis souvent demandé d’où cela venait, et tout dernièrement, lors d’un déjeuner chez ma maman, celle-ci a ressorti un vieux service de table qu’elle n’utilisait que pour les jours de fête, couvert de petits traits et de petits points !

Et là, j’ai compris qu’il m’a beaucoup influencée.

Je me suis souvenue que j’ouvrais souvent l’armoire pour le regarder, comme il était très beau et unique car entièrement fait à la main.

Vous utilisez du café ou des collages comme matériau pour certaines de vos toiles. D’où vous vient l’idée d’utiliser telle ou telle technique ?

L’idée d’utiliser du café m’est venue par exemple quand mes enfants étaient petits et qu’il fallait les faire patienter à la fin des repas au restaurant. J’avais toujours des pinceaux dans mon sac, je les faisais dessiner avec le fond des tasses de café sur les nappes en papier.

Puis j’ai repris cela lors d’ateliers de peinture pour enfants pour leur montrer que l’on peut peindre avec tout ce que l’on trouve, que l’on n’a pas besoin d’avoir beaucoup de matériel. Enfin, j’ai commencé à utiliser moi-même le café pour mes toiles car j’aimais la couleur qui est très naturelle, en apprenant à jouer avec les différentes teintes selon le temps d’infusion, en expérimentant les surprises et la part de mystère au séchage – un peu comme à l’aquarelle -, la recherche de systèmes de fixation adaptés…

J’aime bien expérimenter de nouveaux matériaux, il y a tout un travail de recherche dans ce domaine que j’aime beaucoup.

Pour les collages, je chine depuis longtemps des papiers de différentes couleurs, matières, motifs. Ça peut être un papier cadeau que j’ai bien aimé ou un agenda dans lequel j’ai écrit… Il est aujourd’hui facile de trouver des blocs avec les couleurs que l’on veut dans les magasins de beaux-arts ou de bricolage, mais ce n’était pas le cas auparavant.

En particulier, je réutilise beaucoup les chutes de papier dans lequel j’ai découpé du feuillage pour mes arbres. Je les stocke toutes dans une petite mallette que je ressors quand je vais faire des collages pour les robes de mes personnages, ou plus récemment en fond de mes toiles comme dans « fragrance et plumetis ».

La genèse de cette technique vient d’un papier semi fait main au Tibet que j’avais trouvé en très grand format dans une belle papèterie de Genève, avec juste une couleur intense. Je me suis dit que j’en avais pour un moment, et je l’ai utilisé précieusement jusqu’au jour cependant où je n’en ai presque plus eu.

Il n’y en avait plus à disposition dans la papèterie. C’est depuis lors que j’ai pris l’habitude de réutiliser les chutes. J’ai aussi essayé la création de papier.

« J’aime bien expérimenter de nouveaux matériaux, il y a tout un travail de recherche dans ce domaine que j’aime beaucoup. »

« Il y a beaucoup d’angoisse et de stress dans notre société. Je pense que le monde a besoin de quelque chose de posé, de douceur, de sérénité. »

Vous exprimez l’intention de créer une atmosphère paisible dans vos tableaux.
Voulez-vous partager d’où vous vient cette volonté ?

Je pense que la démarche d’un artiste est aussi d’apporter une contribution au monde.

Il y a beaucoup d’angoisse et de stress dans notre société. Je pense que le monde a besoin de quelque chose de posé, de douceur, de sérénité.

Il y a trop de chaos, trop de mouvement partout un peu dans tous les sens.

J’aime que les personnes qui regardent mon travail ou qui l’acquièrent ressentent cette émotion-là et que cela leur apporte quelque chose de plus paisible.

Voulez-vous partager quelques mots à propos de votre partenariat avec Artraction ?

Oui, j’aime beaucoup travailler avec vous. C’est une personne d’Artraction qui m’a rencontrée quand j’avais exposé à la Cité du Temps à Genève et qui avait souhaité prendre tous les tableaux que je n’avais pas vendus.

C’est un beau partenariat. Prêter son travail n’est pas évident pour un artiste car c’est une part de soi.

Je fais confiance à Artraction pour le soin qu’ils apportent à l’emballage des toiles et leur transport, je sais que mon travail est entre de bonnes mains.

Et surtout, il vit. C’est difficile d’être à la fois à l’atelier, et dans la communication, et d’organiser des expositions. Avec Artraction, je sais que ça circule.

C’est toujours un plaisir quand j’apprends que l’une de mes peintures a été placée ou louée. Ce sont autant de possibilités d’être vue.

Nous remercions Véronique Balcerzak de nous avoir consacré ce temps, cela a été un vrai plaisir de l’interviewer.