La montagne occupe une place à la fois riche et en constante évolution dans l’histoire de l’art, où se croisent symbolique, esthétique, spiritualité et enjeux politiques. Symbole puissant de la Suisse, elle constitue une source d’inspiration inépuisable qui a nourri l’imaginaire de nombreux·ses de nos artistes, aussi bien en peinture qu’en photographie.
À travers l’histoire de l’art, la montagne est passée d’un lieu sacré ou redouté à un sujet d’admiration, de contemplation et de réflexion. Tour à tour symbole spirituel, expression du sublime romantique, motif naturaliste ou support d’expérimentations contemporaines, elle incarne la puissance de la nature et notre rapport changeant au monde. De la peinture à la photographie, elle reste une source inépuisable d’inspiration artistique.
Dans l’Antiquité, les montagnes sont souvent perçues comme des lieux divins ou inaccessibles : l’Olympe chez les Grecs, demeure des dieux ; le mont Sinaï dans la tradition judéo-chrétienne, lieu de révélation.
Mais au Moyen Âge elles sont généralement absentes de l’art occidental, perçues comme hostiles, stériles, voire démoniaques. On privilégie alors les paysages idéalisés ou symboliques centrés sur la plaine et les villes.
Avec la Renaissance, l’homme reprend place dans la nature, et les montagnes apparaissent timidement dans les arrière-plans des tableaux, notamment dans les paysages italiens ou flamands (ex. : Léonard de Vinci, Joachim Patinir).
Elles servent alors à souligner la perspective, ou à évoquer la majesté de la création divine.
Avec l’essor du Romantisme, la montagne devient un motif central. Elle incarne le sublime : une beauté qui inspire autant l’admiration que la crainte.
Caspar David Friedrich, en Allemagne, ou William Turner, en Angleterre, peignent des paysages montagneux avec une forte charge émotionnelle et spirituelle.
Ce changement de regard s’inscrit aussi dans la redécouverte scientifique et touristique des Alpes.
Les peintres s’éloignent de l’atelier pour peindre en extérieur (École de Barbizon, Impressionnistes). Les montagnes deviennent des sujets d’observation directe.
Les Alpes françaises et suisses inspirent nombre d’artistes : Gustave Courbet, Ferdinand Hodler, Giovanni Segantini…
En Suisse notamment, la montagne devient un symbole national.
Au XXe siècle, la montagne prend des formes plus variées : elle peut être symbolique, abstraite, idéologique ou poétique.
Paul Klee, Kandinsky ou Cézanne transforment les formes montagneuses en jeux de couleurs et de géométrie.
Avec le Land Art, des artistes comme Andy Goldsworthy ou Richard Long interviennent directement dans le paysage montagnard.
Dans l’art contemporain, la montagne devient support de réflexion sur l’écologie, le tourisme, la mémoire ou la géopolitique.
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