SCHWANDER DAMIEN
« Peindre c’est rechercher un équilibre entre l’ordre et le désordre, l’harmonie et le chaos ». C’est la réponse que je donne à la question que l’on me pose lorsque l’on découvre mes tableaux.
Après une vie professionnelle ordonnée, rangée, étriquée, calculée, j’ai rapidement ressenti le besoin d’exprimer et d’extérioriser, à travers la peinture, familière depuis toujours, mes émotions au plus juste. Mes toiles en sont l’expression et, pour ce faire, j’aime travailler la matière comme le ferait un maçon : construire un « quelque chose », à partir d’un « rien », en juxtaposant les matières et les couleurs, ressentir ces dernières, les faire vibrer. Peinture à l’huile, acrylique, encre de chine, brou de noix, sable, goudron, laque… rejoignent mes pinceaux, spatules, racloirs, éponges, couteaux à peindre pour essayer d’ordonner une idée initialement désordonnée en omettant volontairement les détails.
Ne cherchez pas à trouver une homogénéité dans mes créations : elles n’existent tout simplement pas. L’homogénéité c’est l’ordre… que je fuis. Mes créations sont contrastées à l’image d’un idéal que j’essaie de retranscrire inlassablement, enrichis au fil de mes découvertes personnelles : rencontres, expériences, voyages, claques et joies de vie.
Concept « Ordre et désordre »
La vie peut n’être qu’une succession de sensations désordonnées, vibrations, pulsations et mouvements. Elle peut, également, suivre un fil conducteur, une linéarité, un ordre établi, suivant l’angle d’où on la regarde : ce que l’on vit et ce que l’on est.
Chaos, structure, symbiose, antibiose, impulsions et réflexions s’entremêlent ou s’entrechoquent et se répondent, suivant un tracé imprévisible que nous tentons, sans cesse, de comprendre et de maîtriser.
Ici, la couleur s’impose et transmet son énergie propre. Les mouvements sont instinctifs et jettent sur la toile des émotions brutes. Enfin, comme dans le mouvement du métronome, Conscient et Raison viennent agencer, ordonner les traits et les formes, leur donner un sens afin de tenter de les domestiquer.
À l’image de l’ambiguïté et des contradictions de l’existence, tiraillé entre pulsions contraires, inspiré par les paysages, les visages, les découvertes, les énergies, les émotions de voyage ou du quotidien, les jets de peinture ou d’encre se dessinent progressivement dans une harmonie anarchique.
C’est cet antagonisme entre ordre et désordre, clair et obscur, sur lesquels nous dansons en permanence, que je tente de retranscrire.